jeudi 6 décembre 2012

QUELLE ECONOMIE ANARCHISTE ? [Annonce d'une série de débats]


   Notre groupe publie ici son texte d'appel à un débat sur l'économie anarchiste. Pour cela, nous prévoyons une tournée dans plusieurs villes. Nous serons d'abord les invités du CIRA (Centre International de Recherches sur l'Anarchisme) le Samedi 12 janvier 2013 à partir de 17h, au 50, rue Consolat à Marseille.





Introduction  à:
« Quelle Économie  Anarcho-libertaire* ? »


Groupe Montpellier34


On est en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes au sujet de ce qui a pris de nos jours une importance démesurée, le problème lancinant de l’économie.

Si, dans la culture dominante, l’économie a pris une telle prépondérance, elle en demeure hélas, décontextualisée de tout objectif concret de gestion qui  puisse répondre aux justes besoins de la diversité  humaine selon ses ressources naturelles. Il convient donc,  à l’humanité, de repenser son économie de façon  locale et fédéraliste. Dans cette optique, il s’avère stratégique de proposer d’autres types d’approches économiques que les soi-disant « solutions » autoritaires  proposées  par l’ultra-libérale et son Économie de Marché Internationalisée actuelle ou par un retour improbable à l’État providence sous ses aspects aussi bien sociaux-démocrates que  néo-keynésiens.

Il faut dire que dans son histoire et, dès le XIXème Siècle, l’anarchisme pour tenter de résoudre les querelles entre d’une part, les anarchistes communistes et collectivistes (théorie de Bakounine) en Espagne, puis entre anarchistes  individualistes et communistes au États-Unis, va parvenir à l’acceptation du  concept d’ « anarchisme sans adjectif ». Cette position, dont l'expression fut créée par Fernando Tarrida del Marmol, était une tentative de montrer une plus grande tolérance entre les tendances libertaires et de rendre clair que les anarchistes ne devraient pas imposer de plan économique préconçu à quoi que ce soit, même dans la théorie. L’adoption de ce concept par des propagateurs comme Voltarine de Cleyre,  Ericco Malatesta, Max Nettlau et Élisée Reclus a porté la majorité de la mouvance anarchiste à rejeter tous modèles économiques comme faux. Cependant, de façon à  ce que soit préservée la diversité idéelle en recherchant sa justesse et son équilibre ; elle prendra parfois une position pluraliste puisant des éléments de chacun des modèles proposés par les théories, collectivisme, communisme, individualisme (mutualisme ou associationnisme), dans les substances de leurs fondements  même.

Malgré les années et sa remise en cause par les anarcho-communistes puis les anarcho-syndicalistes, cette position est devenue une « tradition » chez de nombreux anarcho-libertaires pour qui  elle a évolué comme une évidence. Pour ses compagnons, les tendances économiques sont pensées comme d'un " intérêt  accessoire " par rapport à l'abolition de l'autorité sous les formes de l'Étatisme et/ou du capitalisme(1) – pourtant des concepts éminemment économiques –.

Ils sont  de façon pragmatique  pour la liberté d'expérimentation comme règle première de la société libre. C’est ce que Bakounine qualifiait dans ces derniers écrits de « propagande par le fait ». Celle-ci n’ayant rien à voir avec la triste interprétation faite postérieurement par certains exaltés  et leur mystique de la bombe. Cependant, de ces expérimentations, ne sont que rarement explicitées des propositions pour l’"ici  & maintenant"  nécessaires même au sein d’une « idéofortie(2) »  forcément pluraliste  et en mouvement perpétuel.

Combien de fois, lorsque certains d’entre nous veulent avancer des propositions réactualisées  ou effectuer des projections économiques, nous sommes arrêtés par  des compagnons qui nous disent: « ce n’est pas à nous de décider des formes  que prendra la gestion économique, mais au peuple ou à la société ».

Parmi les promoteurs anarchistes, il n’y a guère que Proudhon, Kropotkine, Cornelissen, Besnard pour s’être intéressés de près à l’économie dans son cadre général. Pierre-Joseph Proudhon va tenter une analyse critique des facteurs de l’économie, dans le but de constituer une science sociale jugée par lui encore inexistante. En effet, il voyait venir une société – qu’il appelait de ses vœux – dans laquelle le politique se trouve intégré dans l’économique. Pierre Kropotkine, quant à lui, bien qu’il fût un authentique homme de science (mathématicien, géographe, cartographe), s’est borné, en moraliste plus qu’en scientifique,  à esquisser les grandes lignes d’une économie idéale dans une société anarchiste. Christian Cornelissen, en tant que syndicaliste révolutionnaire et anarcho-communiste, pragmatique et réaliste, insiste dans  « El comunismo libertario y el régimen de transición » sur ‘la période de transition’ entre économie capitaliste et économie anarcho-communiste. Dans son ouvrage « Théorie de la valeur» publié dès 1903, il réfute « la théorie de valeur-travail », que les économistes classiques (capitalistes) autant que Karl Marx ont défendue. Ces recherches furent poursuivies  dans  son « Traité général de science économique » dont la publication  s’étalera jusqu’en 1944. Il y avance ‘une théorie inductive(3) du salaire’ qui lui valut une renommée internationale. En 1934, Pierre Besnard dans son ouvrage "Le Monde Nouveau, son plan, sa constitution et son fonctionnement", aborde l’organisation économique et politique au niveau de la production industrielle, agricole,  syndicale, politique ou administrative, sociale et conclut par une organisation générale du monde nouveau. Son approche est faite selon des conceptions calquées sur l’organisation syndicale.

Bien sûr, de nombreux militants ont par la suite traité de l’Économie mais dans des cadres particuliers, comme celui d’un pays et surtout de l’Espagne et de  sa révolution ; c’est le cas, en particulier, de Isaac Puente, Digo Abad de Santillan, Joan Pau Llauro Fàbregas,  Pierre Pillier (Gaston Leval), Augustin Souchy, etc…. Malheureusement, il nous faut souligner que les développements des organisations anarchistes d’après-guerre ont souvent pâti de leur dépendance parfois excessive au modèle théorique de la Révolution  Espagnole de 1936-1939.

Notre réflexion puisera aussi, mais avec circonspection et sans omettre certaines critiques sur des propositions contemporaines emblématiques d’économies dite « libertaires » comme :
  • L’Économie autogestionnaire de Abraham Guillén Sanz  ("Las bases del desarrollo económico de la sociedad libertaria", Abraham Guillén, Ediciones Madre Tierra, Madrid 1990), reprise actuellement par la CNT/E &  El Instituto de Ciencias Económicas y de la Autogestión (ICEA) et, présenté par Daniel du groupe Gard-Vaucluse de la FA dans le Monde Libertaire n°1447  de septembre 2006 ;
  • L’Économie participaliste ou participative (participatory economics, en abrégé ParEcon ou Ecopart) de Michael Albert et Robin Hahnel,  ("Looking Forward: Participatory Economics for the Twenty First Century", Albert and Hahnel, South End Press, 1991 & "The Political Economy of Participatory Economics", Albert and Hahnel, Princeton University Press, 1991). Cette proposition “libertaire” est surtout connue en Français  par entre autre la présentation et le résumé de Normand Baillargeon ("Une proposition libertaire : l’économie participative"  par Normand Baillargeon, 1999) ;
  • La Démocratie inclusive ou générale de Takis Fotopoulos ("Inclusive Democracy", ed. Kastaniotis,  Athens, 1999, Takis Fotopoulos (2003), "Inclusive Democracy and Participatory Economics", Democracy & Nature, Volume 9, 2003, pages 401 - 425 - & "Vers une démocratie générale, une démocratie directe, économique, écologique et sociale", ed. Seuil, 2002),  présenté par Jean-Claude Richard du groupe Henry-Poulaille de Saint-Denis, Le monde Libertaire, 13 mars 2003 ;
  • L’Économie Politique Mutualiste de Kevin Amos Carson, ("Studies in Mutualist Political Economy", Kevin A. Carson, ed. BookSurge Publishing, 2007 & "Organization Theory: A Libertarian Perspective" ed. BookSurge Publishing, 2008), dont notre camarade Gaël du groupe la Rue Râle, FA, nous a proposé l’approche particulière effectuée par l’Anarchist Federation (UK), grâce à sa traduction dans « Le Lien » BI FA n° 498 de Juillet 2012.

Ces manières de voir traduisent l’opposition, qu’il existe à l’intérieur du mouvement anarcho-libertaire, entre ceux qui croient à la nécessité d’une méthode scientifique pour mener à bien une Révolution évolutionniste, gradualiste et rationnelle de la société, au romantisme de ces inconditionnels de la Révolution insurrectionnelle décidés à réaliser coûte que coûte un modèle social idéal.
Face à ce constat, nos contradicteurs soulèvent un problème  important, c’est qu’en général, les théories anarchistes  restent floues et  disent peu de chose sur le passage de la société étatique et capitaliste actuelle vers la société proposée par les anarcho-libertaire. En ce sens,  ils jugent nos idées comme utopiques et irréalisables.

On est alors en droit de s’interroger sur l’attitude des anarchistes qui, généralement, nient que le sujet de l’économie ait un intérêt et une portée si essentiels qu’ils devraient redevenir l’une des principales bases de leur fondement.

Pour cette raison, la question de principe que  nous devons d’abord  nous poser reste  la nécessité de réfléchir et de proposer, d’une façon pragmatique et donc pratique, l’organisation économico-politico-sociale des formes de sociétés à venir.

En tenant  nécessairement  compte de la diversité des cultures et des spiritualités. Les anarchistes doivent intégrer à leurs réflexions la complexité du monde au risque de bâtir sur du sable.

Nous nous devons de trouver une passerelle entre l’Action/Théorie(4) et la Théorie en action(5).

Nos propositions ne sont que des exemples pratiques ou théoriques examinés dans une période (un espace-temps) historique donnée. Elles resteront donc évolutives et seront même probablement remises en cause dans l’avenir ; car en effet, il n’y a pas de modèle économico-politico-social indépassable.

Cette préoccupation reste le principal sujet  des anarcho-libertaires pour proposer un autre futur crédible.

En réalité, il n’y a de meilleur réalisme que celui des « révolutionnaires » qui, en critiquant la société actuelle, avancent une idée précise de celle qui doit la remplacer.



1ère question : Qu’appelle-t-on « ÉCONOMIE » ?

L’ÉCONOMIE vient du grec oikos, famille/maison dans un sens proche du foyer et nomos, loi. Pour comprendre l’économie, dont notre vision a été falsifiée par les  "sciences" économiques occidentales, il nous faut en revenir à sa définition aristotélicienne.

Aristote montre, dans "L’Éthique à Nicomaque",  "La Politique" et "Les Économiques",  la différence fondamentale entre l’économique et la chrématistique.

La chrématistique (de khréma, la richesse, la possession) est l’art de s’enrichir, d’acquérir des richesses, de faire du profit. Selon Aristote, elle est l’accumulation de la monnaie pour la monnaie et  à la suite  de Platon, il condamne ainsi le goût du profit et de l’accumulation de richesses. En effet, Il y a, ici, confusion entre le moyen et la fin, la monnaie est un moyen pour échanger des valeurs d'usage en vue de satisfaire la vie – au sens des besoins vitaux. La chrématistique ne consiste en revanche qu'à accumuler la richesse comme fin en soi, comme si celle-ci en elle-même pouvait épanouir l'être humain. Le système capitaliste et son évolution actuelle en  économie de marché internationalisée sous le prétexte  d’enrichir « les Nations »  fait sans conteste partie de ce concept.

De fait, dans le langage d'Aristote, l’économie signifie la science, ou l'art, de gérer et de pourvoir au bien-être de l’οἷκος, c’est à dire la famille/maison (le foyer), première association naturelle à laquelle l'homme est socialement disposé. Et donc, par expansion à l’ensemble des structures,  arrondissements,  communes ou cités (dèmes ou dèmos, δῆμος / dêmos, au double sens de "circonscription administrative de base/peuple "), régions, pays qui fondent  l’appartenance sociale et la Société. Pour lui, les Économies sont liées à des sujets comme, la règle ou gestion domestique (économie domestique), la Politique ou les politiques (économie-politique) et impliquent des règles d’éthiques (philosophie morale).  

Spontanément, le grand public et nos économistes professionnels se représentent la structure économique de toute société à l’image de ce qu’elle est dans la nôtre, un ensemble d’institutions distinctes des autres rapport sociaux, politiques, familiaux, culturels, religieux, etc… Ils sont assujettis et aliénés  à notre système de pensée occidentale ; ils font de l’occidentocentrisme.

Dans la culture occidentale, les sciences économiques ne sont en fait que l’étude de mathématiques probabilistes liées aux aspects financiers, productivistes, bancaires et boursiers de la structure politico-économique – chrématistique - du Capitalisme transformé en Économie de Marché.

Dans ce contexte, le Marché est liée à la tétrade, production (surproduction), consommation (consumérisme), échange (le Marché Internationalisé) et profit (enrichissement d’une oligarchie ploutocratique et à présent surenrichissement d’une élite transnationale).

Pourtant, la compréhension de l’Économie ne devrait pas être difficile. Après tout, la gestion politico-économique s’intéresse au pourquoi et au comment l’on doit effectuer une activité sociétale (ou «travail non salarial»), à ce qu’on produit, à la façon dont on en assure la distribution ou les services et, tout bien considéré, à l’usage qu’on en fait  afin de répondre aux besoins fondamentaux de nos sociétés tout en respectant notre environnent et la diversité de nos niches écologiques.  

Les  économies humaines ne peuvent être abordées que par ses aspects sociologiques, ethnologiques, écologiques, voire archéologiques, c’est à dire anthropologiques et environnementalistes. Ils présentent donc des aspects divers – dans l’espace géographique et le temps historique. Et même  si  notre chape médiatico-culturelle cherche à nous imposer une représentation faussée de notre monde - la Terre -  par des concepts globalistes occidentaux  de « Mondialisation », « Globalisation du marché» et même « Empire(6) », la composition humaine de notre planète, en rapport avec la diversité biologique qui l’entoure, reste multiple: une mosaïque culturelle, économico-politique et écologique. Cependant nous tenons à préciser, ici, l’évolution du capitalisme occidental vers une Économie de Marché Internationalisée dont la sphère économique est gérée par une élite transnationale. Une réflexion réaliste ne peut se faire que face à ce constat.



2ème question / Quelle Économie dans 
une société anarcho-Libertaire ?

Kropotkine écrivait dans " La science moderne et l’anarchie": « Aucune lutte ne peut avoir de succès, si elle reste inconsciente, si elle ne se rend pas un compte concret, réel, de son but. Aucune destruction de ce qui existe n’est possible, sans que, déjà pendant la période de destruction et des luttes menant à la destruction, on ne se représente mentalement ce qui va prendre la place de ce qu’on veut détruire. On ne peut pas faire une critique théorique de ce qui existe, sans se dessiner déjà dans l’esprit une image plus ou moins nette de ce que l’on voulait voir en lieu et place de ce qui existe.»

Cependant, Il n’est pas question ici, de répondre en proposant  une sorte de pensum qui ne ferait que la somme de nos propres et uniques propositions.

Pour cela, nous vous  offrons de bâtir cette réponse au cours d’échanges et de débats publics, que nous piloterons à partir d’idées-forces de l’Économie dans son sens le plus large.

Á la suite des prises de notes qui seront réalisées lors de ces confrontations avec le public, nous souhaitons élaborer une brochure qui présenterait  « des propositions pour une Économie anarcho-Libertaire ».

De fait, cette Introduction doit être lue comme, pour reprendre une expression anglo-saxonne, un « work in progress », c’est-à-dire un travail en cours, une réflexion non finalisée.

Notes:

1) Jacques Ellul fait remarquer dans  " De la révolution aux révoltes" que, depuis leurs origines, les acteurs révolutionnaires n'ont cessé de se focaliser sur la question de l'amélioration des institutions, ce qui n'a fait que renforcer l'appareil d'État et ce qui aboutit, selon lui, à un résultat totalement inverse à celui recherché : les individus cessent d'être révolutionnaires car ils délèguent aux appareils étatiques le soin d'opérer les changements de société (le réformisme est la confiscation par l'État de l'élan révolutionnaire). Dès lors, la révolution est à la fois (et paradoxalement) impossible - du fait que l'État bourgeois a "récupéré" à son profit tout le potentiel révolutionnaire et que la majorité des individus s'y conforment - et "nécessaire" - dans la mesure où le totalitarisme étatique va croissant [a]. "Croire que l'on modifiera quoi que ce soit par la voie institutionnelle est illusoire" conclue-t-il. 

[a] Contrairement au ultra-libéraux et aux libertariens, nous pensons que  croire que les États perdent de leur autorité devant le Marché est une erreur dans la mesure où celui-ci ne peut prospérer qu’avec l’aide de la force de coercition des autorités étatiques soumise à  son économie transnationale. En effet, les États-nations existent encore et partagent leur pouvoir avec les entreprises transnationales, dans le cadre d’un système où l’État a comme rôle réduit  d’assurer un cadre stable au fonctionnement économiques mis en place par  l’élite du Marché internationalisé (voir Takis Fotopoulos).

2)  Au sens de Proudhon, l’Anarchisme est une théorie adéquate à l’action, c'est-à-dire ni une idéologie, ni un dogme, ni un modèle, ni une abstraction, ni un précepte, mais une force mobilisatrice et créative nécessairement adaptative et évolutive.

3)  La théorie inductive est  définie comme l’opération par laquelle l’esprit part des faits particuliers pour s’élever à une loi générale.
Son principe est représenté de la manière suivante : Observation puis Constat puis Principe énoncé.
Elle doit respecter les trois phases de base :

a) la phase de contextualisation, c’est à dire que l’observateur part d’une situation concrète pour amener le thème étudié qui devra être trouvé par la projection textuelle de l'univers interprétatif de l’observateur.

b) la phase de conceptualisation qui a pour objectif de permettre à l’observateur de déduire à partir des situations des généralités.

c) la phase de recontextualisation durant laquelle l’observateur doit transformer les concepts trouvés et définis sur une autre situation.

Durant ces trois phases, l’observateur est acteur. On peut donc dire que la méthode inductive est une méthode active grâce à laquelle l’observateur participe pleinement au processus aboutissant à la formulation de Principes interprétant l’observation.

Les sciences économiques et sociales suivaient, à l’origine, une méthode inductive. Celle-ci  ne doit pas être confondue avec les "fausses méthodes inductives" qui conduisent à des démarches inorganisées, à des discussions de « café du commerce » ou à des formules « pseudo-inductive ».

4) L’action/théorie, c’est la pratique qui devient une méthode. 
Elle se définit comme  une connaissance qui se base  sur l’action (l’opération par qui produit une conséquence  (un effet) sous l’influence de l’individu qui agit de lui-même), qui n’est plus spéculation (ni une observation, ni une réflexion intellectuelle portant sur des objets abstraits) mais réaliste ; elle donne alors une représentation matérielle, proche  ou identique à "ses" applications.

5) Une théorie en action signifie une idée ou connaissance spéculative et vraisemblable mise en pratique dans le domaine du réel.

6) En référence au livre de Michael Hardt et  Antonio Negri, "Empire", Exils, (fr) 2000.


* Anarcho-libertaire, est un néologisme introduit au début des années 1990, par les institutions policières et médiatiques pour stigmatiser les milieux ou la mouvance, qui se situent hors de l’anarchisme organisé, comme certains anarchistes, libertaires et autonomes afin de les faire passer  pour des groupes informels violents, des « terroristes » : car, l’anarchiste est « un poseur de bombe ». On peut se dire de prime abord  qu’ «anarcho-libertaire» est un bel exemple de redondance. Cependant, l’expression est utilisé ici, dans un autre sens, celui de mettre en exergue l’Anarchisme et l’anarchiste en prévalence avant le libertaire, en recherchant à rattacher les deux termes qui malgré certaines affirmations non pas la même valeur sémantique et ne sont pas équivalent. L’anarchisme est une « idéofortie(2) » qui est un au-delà à la démocratie, alors que le mouvement libertaire (libertairisme) n’est qu’une défense du droit à la liberté individuelle, assimilé  aux États-Unis aux « libertariens de Gauche » et parfois même en France, à un simple « Nietzschéen hédoniste ». Comme la très bien souligné Claude Fréjaville dans le Monde Libertaire n° 1663 de mars 2012 : « On a admis depuis la synonymie des termes libertaire et anarchiste, mais il convient de noter qu’ils sont utilisés avec les nuances fournies par leurs définitions respectives. Le libertaire est attaché à la liberté et aux droits individuels, alors que l’anarchiste est avant tout anti-autoritaire et socialiste. […] (L’) anarchisme ne peut pas se réduire à une simple intention ou volonté libertaire. L’anarchisme a une histoire, des théories et ne fait pas de la liberté un dogme qui pourrait contrarier l’idée même de la justice sociale. Notre mouvement doit être considéré avec ce qu’il renferme d’enseignement et de réflexions et il n’était pas inutile de rappeler ici que s’il y a bien chez tout anarchiste un libertaire, il n’est pas toujours possible d’affirmer le contraire. »