jeudi 7 mars 2013

Invitation au débat: Crise et autogestion - Quelle économie libertaire?



La FÉDÉRATION ANARCHISTE vous invite :

Le 15 mars 2013 au Centre Ascaso Durruti, 6 rue Henri René à Montpellier, à partir de 19h30 (repas tiré du sac), 20h30 soirée débat: « Crise et Autogestion : Quelle Economie Libertaire ?».

La tournée de la Fédération Anarchiste: « Crise et Autogestion » est reçu par le C.A.D- Centre Ascaso Durruti- et le Groupe F.A. Montpellier34.

Introduction: 

 On est en droit de s'interroger sur l'attitude des anarchistes vis-à-vis de ce qui a prisavec la crise financièreune importance démesurée, le problème lancinant de l'économie.

 Si, cette donnée pris une telle prépondérance, elle en demeure hélas, décontextualisée de tout objectif concret de gestion,qui puisse réponde aux justes besoins de la diversité humaine, selon ses ressources naturelles.

 Dans cette optique, il s'avère utile de proposer d'autres types d'approches économiques que les soi-disant «solutions»de l'ultra-libéralisme ou de l'État providence sous ses aspects aussi bien sociaux-démocrates quenéo-keynésiens.

 Pour cette raison, la question de principe que nous devons d'abord nous poser est la nécessité de réfléchir et de présenter, d'une façon pragmatique,une théorie générale sur l'organisation économique des formes de sociétés à venir.

 Dans ce cadre, les militants de la Fédération Anarchiste vous proposent de répondre sur ce qu'ils entendent par Autogestion et Économie Libertaire.

Sur la tournée F.A.

 La Fédération Anarchiste organise début mars une tournée sur la diversité des réponses autogestionnaires à la crise. Dans le prolongement de la mobilisation pour l'autogestion en mai 2011, et de la Foire à l'Autogestion de juin 2012, nous souhaitons apporter notre contribution à la popularisation des idées et pratiques auto- gestionnaires. Cette semaine autogestionnaire s'ouvrira par une projection-débat le lundi 11 mars au Chiendent à Orléans autour du thème « L'autogestion, une idée qui a fait le tour du monde ». On débattra autour du thème "L'autogestion, une réponse à la crise ? " le mercredi 13 mars au Biblio-café à Poitiers, puis le jeudi 14 mars à la  pizzeria Belfort à Toulouse. Le Centre Ascaso-Durruti à Montpellier nous accueillera le vendredi 15 mars pour un repas convivial suivi d'un débat autour du thème « Quelle économie libertaire? ». Le samedi donnera lieu à deux projections-débats à Lyon et à Laon. La semaine se conclura par un après-midi de débat ouvert à Merlieux le dimanche 17 mars autour de la diversité des pratiques autogestionnaires actuelles.


 FACE A LA CRISE, NI AUSTERITE NI AUTORITE : AUTOGESTION !

 La crise, c'est quoi ?

   La crise actuelle trouve son origine dans un mécanisme de spéculations en chaîne, les subprimes.Il est néanmoins important de comprendre que cette crise n'est pas conjoncturelle mais structurelle : c'est le système lui-même qui déraille.Le capitalisme est un système instable, traversé par des contradictions engendrant des crises. C'est ainsi lui qui a créé la dette, car il est basé de manière structurelle sur la  spéculation. Le capitalisme entre en crise quand il atteint un nouveau stade de développement, et précisément depuis plusieurs décennies, une financiarisation accrue. C'est-à-dire encore plus de place pour la finance, et encore moins pour la production réelle (faute de rentabilité suffisante dans la sphère productive depuis les années 1970). En ce sens, le capitalisme c'est la crise.

 La crise, c'est seulement économique ?

   La crise n'est pas seulement économique, elle est aussi politique. Elle démontre chaque jour un peu plus l'incapacité des Etats à apporter des réponses. Les Etats sont dépendants du capital qui leur fournit des moyens d'entretenir leur force, leurs polices, leurs armées : les Etats eux-mêmes sont endettés. En retour, le capitalisme a besoin de la protection de l'Etat, qui lui fournit des infrastructures (c'est ainsi que nous avons vus les Etats venir au service des banques ou imposer de grands travaux)mais aussi les forces de répression, l'appareil judiciaire et les politiques monétaires ad hoc. Etat et capitalisme sont les deux faces d'une même pièce. Le système se mord la queue. La crise est aussi une crise des Etats. Ou pour le dire autrement: le capitalisme est une politique.

Quelles réponses face à la crise 

   Dans la mesure où la crise est structurelle, ce n'est pas un phénomène éphémère. La crise va s'approfondir. Etats et capitalistes veulent nous faire payer leur crise. Ils cherchent à imposer l'austérité aux populations. Cette logique est suicidaire et antisociale : elle ne résout pas le problème et en fait porter la charge sur les plus pauvres. D'autres arrivent avec des réponses toutes faites : face à la crise, il faut un Etat Fort. Ces solutions-là (protectionnisme, nationalisation) se battent pour revenir au capitalisme à la papa, au patron bon père de famille, à la réindustrialisation. Mais elles ne proposent aucune perspective face aux tendances actuelles, elles se bornent à vouloir revenir en arrière.

Face à la crise, ni austérité, ni autorité : autogestion!

   Comme la crise est à la fois économique et politique, nous devons construire des réponses qui prennent en compte ce double aspect. Au plan économique, nous pouvons préparer et proposer des réponses sur le mode de l'auto-organisation : n'attendons pas que les réponses tombent d'en haut !

   Au plan politique, ces réseaux de solidarité concrète nous donneront la légitimité pour critiquer les réponses étatiques, mais aussi dénoncer l'usage de la crise comme figure idéologique et levier pour faire passer des politiques d'austérité.

L'autogestion, c'est quoi?

   Cela signifie « gérer soi-même ». Autogérer, cela veut donc dire s'organiser pour que ce ne soit pas unchef qui décide pour les autres.

   Cela veut donc dire décider ensemble, entre individus égaux. Mais décider de quoi ? Et bien décider de ce que l'on fabrique, par exemple, de comment on va lefabriquer, le diffuser, dans quel but, de quelles façons, etc.

   Le principe est que puisque c'est nous qui consommons, puisque c'est nous qui produisons, alors c'est à nous de décider ! Au-delà, cette reprise en main implique une remise en question radicale de la production et de la consommation. Le projet anarchiste s'appuie sur ce principe, mais n'est pasun programme politique « clé en main » : il faut s'en saisir, le faire évoluer, l'adapter, le perfectionner.

 Dès maintenant, on fait quoi ?

 On peut faire plein de choses ! Tout d'abord, ne plus accepter de subir le pouvoir, quel qu'il soit. Refuser de l'exercer pour commencer.

   L'autogestion, ça s'apprend : onnous a toujours appris à subir les décisions des chefs, de dirigeant-e-s, il faut changer nos habitudes ! On peut aussi soutenir les projets autogérés qui existent déjà : certaines entreprises fonctionnent déjà de cette manière. Mais c'est aussi le cas d'associations, de collectifs, de groupements plus ou moins formels (certaines AMAP ou coopératives ouvrières de production). Pour faire face à la crise, on peut déjà tisser des réseaux de solidarité concrète : des bouffes collectives, des mutuelles de fraudeurs-ses, des collectifs de mal-logé-e-s... On peut utiliser l'autogestion comme moyen de lutte face à une boîte qui licencie ou un service public qu'on supprime. On peut aussi impulser nous-mêmes de nouveaux projets,de nouvelles réalisations qui appliquent l'autogestion dans tous les domaines : clubs de sport, habitat, transports, éducation, etc.

Mais après, quelle perspective ?

   Le système actuel n'est pas à sauver : il nous faut construire une réelle alternative. Ici et maintenant, en nous basant sur la solidarité, l'entraide. Ici et maintenant ne signifie pas que nous abandonnons la perspective révolutionnaire, à la manière de ceux qui ont récupéré le terme « autogestion » pour pousser les travailleurs-ses à participer à leur propre exploitation. Au contraire, les anarchistes portent la perspective d'un changement radical de société : l'autogestion généralisée pourrait permettre à la fois la réappropriation des moyens de production et la participation directe aux décisions concernant ce que nous produisons, et plus largement notre manière de vivre. Ici et maintenant signifie donc simplement qu'il est possible de commencer à avancer dans ce sens sans attendre, en diffusant les idées et les pratiques autogestionnaires, en construisant nos projets, nos organisations et nos luttes de manière égalitaire et libertaire.

Faisons leur payer leur crise!

Chavez, Venezuela : Ni deuil, ni célébration! (par El Libertario)


 Nous reproduisons ici la traduction d'un article du journal anarchiste vénézuélien El Libertario (Le Libertaire)......pour faire un pas de côté (à gauche) vis-à-vis des mélenchonades et de la "pensée Monde Diplo'" sur le Venzuela :

   El Libertario ante la muerte de Hugo Chávez*
   ¡Ni en duelo, ni en celebración!:*
   ¡Llegó la hora de la autonomía de las luchas sociales!*
   Colectivo Editor de El Libertario*
   /Martes, 5 de Marzo de 2013/
   http://periodicoellibertario.blogspot.fr/2013/03/el-libertario-ante-la-muerte-de-hugo.html

 Ni deuil, ni célébration!

 L'heure de l'autonomie des luttes sociales est arrivée!

   Quand s'additionnent une très grave maladie, des soins médicaux conditionnés à des décisions politiques et un malade halluciné de pouvoir, on ne pouvait qu'attendre ce dénouement: le caudillo est mort et un changement important sur la scène politique vénézuélienne est en marche.

   En un instant, ce qui était la plus grande force du régime est devenu sa plus grande faiblesse : Chávez était tout et, en disparaissant, il ne reste qu'a conjurer la fidélité absolue à son souvenir par l'obéissance à ses dispositions pour sa succession. Ce qui met en évidence la fragilité d'un gouvernement qui voulut renfoncer son supposé caractère "socialiste et populaire" avec la pratique d'un culte grotesque de la personnalité, maintenant réduit à une ridicule invocation des âmes. Le disparu a été lui-même l'auteur principal de cette fin. Le "secretisme" qui entoura sa maladie était motivé par les mêmes ressorts de la centralisation extrême du pouvoir. Ce qui, par manque de cohérence idéologique interne, laisse ses successeurs s'affronter entre eux pour l'héritage du commandement, avec un claire avantage pour les hauts bureaucrates et la caste militaire, en pleines manoeuvres de négociation pour assurer l'impunité de leurs corruptions.

   En ce qui concerne les oppositions de droite et sociale-démocrate, la nouvelle situation intervient avant qu'elles n'aient surmonté leurs déroutes aux présidentielles du 7-O et aux régionales du 16-D. Élections où elles s'étaient laissées aller à des illusions exagérées comme à l'offre d'un "populisme de riches", promettant aux électeurs de maintenir le recours aux instruments du clientélisme qui ont tant servi à Chávez. Maintenant, cette opposition accommodante veut croire qu'une fortuite métastase a enfin mis à sa portée l'accès à ce pouvoir politique duquel des ambitions, des erreurs, une paresse et une incompétence l'ont éloignée pendant de longues années. Un pouvoir qu'elle exercerait avec une sottise et une ardeur prédatrice similaires à ceux pratiqués par la « bolibourgeoisie » chaviste.

   Ces calculs mesquins et opportunistes, qui égalent le "Grand Pôle Patriotique" et "l'opposition de la Table d'Unité Démocratique", nous laissent face à la grave situation dans laquelle se trouve ce pays: inflation galopante, chômage grandissant et précarité dans le travail, dévaluation monétaire, effrayante insécurité personnelle, crise dans les services d'eau et électricité, éducation et santé, manque de logement, travaux publics obsolètes ou mal exécutés, attention uniquement démagogique face aux besoins extrêmes des plus nécessiteux, et un et cetera qui même lointain n'en est pas moins néfaste.

   Mais ces problèmes ne sont pas la principale préoccupation des deux bandes en lutte pour la "Silla de Miraflores" (le fauteuil présidentiel) et le butin pétrolier. C'est pourquoi notre réponse collective doit mépriser leur chantage permanent à notre appui électoral en échange de solutions qui n'arrivent jamais ou sont ridiculement incomplètes. C'est le moment de déborder ces oligarchies politiques pourries et de construire, à partir du bas, une vraie démocratie, avec égalité, justice sociale et liberté. Il faut accroître l'indignation généralisée devant la situation dont nous pâtissons et la convertir en luttes sociales autonomes, larges et autogestionnaires, et dire aux politiciens du pouvoir que nous n'avons pas besoin d'eux comme intermédiaires ou comme gracieux donateurs de ce que, d'en bas et unis, nous pouvons obtenir, sans recours aux "mains blanches" ou aux "bérets rouges".

 *Collectif éditeur du Libertaire (El Libertario)*

 http://www.nodo50.org/ellibertario/

 Caracas, mardi 5 mars 2013